Dans le cadre de mon travail chez Odgers, j’ai le privilège de m’entretenir avec les leaders les plus dynamiques du Canada, y compris ceux et celles à la pointe de l’innovation et de la technologie. PDG et cofondateur de Fellow, M. Aydin Mirzaee est l’un de ces leaders. Entrepreneur depuis toujours, Aydin apporte un mélange unique d’énergie chaotique caractéristique des entreprises en démarrage et de pensée visionnaire au monde changeant de l’intelligence artificielle, des réunions et de la productivité. Son histoire est celle d’une réinvention permanente, d’une croissance stratégique et de la capacité à garder le cap en période de changement rapide.
Un esprit d’entrepreneuriat, dès le départ
Le désir d’Aydin de devenir entrepreneur s’est manifesté très tôt. « Dès notre plus jeune âge, mon frère Amin et moi avons créé toutes sortes d’entreprises. Chaque fois, il était à mes côtés », a-t-il déclaré. Les frères, qui ont grandi à New York, ont créé des sites Web, lancé un moteur de recherche et conçu des logiciels personnalisés dans le but de trouver des solutions créatives à des problèmes concrets.
Aydin a déménagé au Canada pour poursuivre des études universitaires et, bien qu’il ait choisi l’ingénierie, il a toujours su que l’entrepreneuriat était son objectif. Alors qu’il travaillait chez Nortel, il a cofondé sa première entreprise : BOK Systems, une solution astucieuse qui, avant l’ère des téléphones intelligents, faisait en sorte que les appels interurbains se « comportent » comme des appels locaux. « L’entreprise a gagné en popularité, a-t-il dit, en particulier parmi les étudiants de l’étranger qui appelaient à la maison ». L’expérience acquise lors de la création de BOK Systems, sa première entreprise en démarrage, a ouvert la voie à ce qui allait se passer par la suite.
En 2008, avec Samuel Cormier-Iijima et Eli Fathi, Aydin a cofondé Fluidware, un fournisseur de sondages en ligne et d’outils d’évaluation d’applications, qui a été racheté par SurveyMonkey. « Nous avons essayé d’obtenir des fonds, mais personne n’a voulu nous en donner. Nous avons donc décidé de nous lancer dans l’aventure et de rentabiliser rapidement l’entreprise », explique-t-il. Cette expérience, qui lui a appris à diriger en faisant preuve d’ingéniosité et avec célérité, a façonné son style de leadership aujourd’hui fondé sur l’esprit d’initiative, la prise de décision et la capacité à s’épanouir sous la pression.
Fellow : réinventer la réunion moderne
En 2017, Aydin et ses cofondateurs ont lancé le projet Fellow, un produit qui soutient les gestionnaires en leur servant de copilote sur le plan du leadership. Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, Aydin a opéré un virage décisif, faisant rapidement évoluer la plateforme pour répondre aux nouvelles réalités du travail à distance. Sous sa direction, Fellow s’est transformé en un outil complet fondé sur l’IA pour favoriser la productivité dans le cadre de réunions, qui tient compte non seulement de l’innovation technologique, mais aussi d’une compréhension approfondie de l’évolution des besoins en matière de leadership. « Cet outil change la façon dont les gens travaillent », affirme-t-il.
Fellow permet aux dirigeants et aux équipes d’obtenir davantage en tenant moins de réunions, grâce à des fonctionnalités telles que les résumés générés par l’IA, les recommandations de suivi et ce qu’Aydin appelle un « bras droit virtuel ». Ce concept est plus qu’un slogan; il témoigne de sa philosophie plus large à l’égard du leadership, qui consiste à fournir à tous les membres du personnel, peu importe leur niveau hiérarchique, les outils pour qu’ils agissent avec les connaissances et la confiance autrefois réservées à la direction. « Auparavant, seuls les PDG pouvaient compter sur l’aide d’un bras droit, mais avec Fellow, tout le monde le peut », a-t-il expliqué.
Évolution de la philosophie en matière de leadership
En repensant à son parcours, Aydin a remarqué des différences dans son style de leadership, en passant de Fluidware à Fellow. « À l’époque de Fluidware, nous n’avions pas d’entretiens individuels, pas de réunions de gestion, pas de conseil d’administration, pas de directeur financier, pas de ressources humaines, se souvient-il. C’était peu conventionnel, mais il y avait un profond désir d’accomplir quelque chose et d’obtenir des résultats. »
Aujourd’hui, chez Fellow, Aydin dirige une équipe expérimentée et équilibrée avec une approche plus structurée. « Chaque membre du personnel se comporte comme s’il était cofondateur, a-t-il déclaré. Lorsque quelque chose ne va pas, je ne suis pas le seul à m’en préoccuper. Parfois, ils s’inquiètent beaucoup plus que moi. »
Ils ont également réglementé très tôt leurs valeurs culturelles. « Nous étions 12 à définir nos valeurs culturelles », a-t-il indiqué. Ces valeurs continuent d’évoluer à mesure que l’entreprise gagne en maturité dans le monde ultrarapide de l’IA. Pour Aydin, il était essentiel de définir et d’affiner ces valeurs pour maintenir l’uniformité, soutenir la prise de décision et renforcer une culture forte alors que l’équipe s’agrandit et s’adapte aux changements rapides de l’industrie.
Apprendre de l’incertitude
Aydin reconnaît ouvertement que les premiers revers ont laissé des traces. « Au début de ma carrière, il m’arrivait d’être déprimé pendant un mois s’il arrivait quelque chose de grave », raconte-t-il. Au fil du temps, l’expérience a modifié son point de vue. « Maintenant, je sais que la plupart du temps, lorsque je panique, il s’avère que les choses n’étaient pas aussi graves que je l’imaginais. » Ce changement de mentalité est devenu une caractéristique essentielle de son leadership. Plutôt que de considérer les difficultés comme des échecs, il les voit désormais comme faisant partie du processus, ou comme des occasions d’apprendre, de se retourner ou de découvrir quelque chose d’encore mieux. Cette capacité à garder le cap a aidé Aydin à gérer la nature imprévisible d’une entreprise en démarrage avec plus de résilience et de vision à long terme.
Désormais, il interprète l’incertitude de façon philosophique et pragmatique. « Il est toujours trop tôt pour déclarer quelque chose bon ou mauvais, dit-il. J’aime me poser la question suivante : que puis-je faire pour que cet événement soit la meilleure chose qui nous soit arrivée? Cette question me permet non seulement de recadrer l’adversité, mais aussi de passer à l’action ». Pour Aydin, le leadership, ce n’est pas éviter les risques, mais les gérer avec clarté et détermination et en adoptant une mentalité consistant à transformer les revers en points d’inflexion stratégiques.
Regarder en avant : un avenir fondé sur l’IA
Pour Aydin, l’avenir du travail est fondé sur l’IA et il est radicalement différent. Il imagine un lieu de travail où des agents d’IA collaborent entre eux, résument les procès-verbaux des réunions pour n’en tirer que les renseignements dont les humains ont besoin. « Nous travaillerons dans des organisations où il y aura dix fois plus d’agents que d’humains, a-t-il déclaré. Dans cet univers, tout le monde est un gestionnaire. »
Malgré le rythme du changement, Aydin reste optimiste quant au potentiel de l’IA à créer des occasions, et pas seulement des perturbations. « Si les gens sont dix fois plus productifs pour le même coût, l’embauche de gens formidables générera un rendement du capital investi (RCI) beaucoup plus important, a-t-il déclaré. La révolution industrielle aura l’air d’une journée comme une autre. »
Authentique, tourné vers l’avenir et puisant à fond dans l’expérience, le leadership d’Aydin offre un aperçu convaincant de l’avenir du travail et de la mentalité nécessaire pour le façonner.